Judas le Galiléen et Theudas : Ces deux révolutionnaires dont parlait Gamaliel 2/7
📘 Cet article fait partie de la série Quand viendra le Mashiah ? Une exploration biblique et historique des faux messies et de l’espérance brisée d’Israël.
📃 Introduction
« Et il leur dit : Hommes israélites, prenez garde à vous-mêmes, sur ce que vous êtes sur le point de faire à l’égard de ces hommes-là. Car avant ces jours-ci s’éleva Theudas, se disant être quelqu’un, et auquel se joignit étroitement un nombre d’environ 400 hommes. Il fut tué, et tous ceux qui s’étaient laissés persuader par lui ont été éparpillés et réduits à rien. Après lui se leva Yéhouda le Galiléen, aux jours du recensement, et il entraîna un assez grand peuple à la révolte derrière lui. Il périt lui aussi, et tous ceux qui s’étaient laissés persuader par lui ont été dispersés. »
— Actes 5:35-37
Dans le livre des Actes, un homme sage prend la parole. Gamaliel, docteur de la Torah et respecté de tous, exhorte le Sanhédrin à la prudence face à l’essor du mouvement des disciples de Yéhoshoua ha Mashiah. Il évoque alors deux figures passées : Theudas et Yehouda1 le Galiléen.
Qui étaient-ils réellement ? Que représentaient-ils pour le peuple juif de leur temps ? Et pourquoi leur évocation par Gamaliel éclaire-t-elle encore aujourd’hui la question messianique ?
Cet article poursuit notre série sur les faux messies et l’espérance brisée d’Israël, en explorant l’arrière-plan historique de ces révoltés et la portée prophétique de l’intervention de Gamaliel.
La scène du Sanhédrin : le conseil de Gamaliel
« Et maintenant, je vous le dis, ne vous occupez plus de ces hommes, et laissez-les aller. Car si cette résolution ou cette œuvre vient des hommes, elle sera détruite ; mais si elle vient d’Elohim, vous ne pourrez pas la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Elohim ! »
— Actes 5:38-39
Gamaliel, pharisien influent, invite ici à discerner avec sagesse ce qui relève du zèle humain et ce qui pourrait être l’œuvre d’Elohim. Pour appuyer son propos, il cite deux exemples historiques de révoltes avortées : Theudas et Judas le Galiléen.
Portraits
Theudas
- Prophète autoproclamé (~ 44–46 ap. J.-C.)
- Promesse : fendre le Jourdain (comme Moïse)
- Messianisme spectaculaire, non scripturaire
- Fin tragique : décapité, disciples dispersés
Theudas est rapporté par Flavius Josèphe comme un homme charismatique, prétendant accomplir un miracle public à la manière des anciens prophètes. Il promit de fendre le Jourdain, comme un nouveau Moïse. Son mouvement attira les foules… mais fut brutalement réprimé par les Romains : le procurateur Fadus fit intervenir l’armée, et la révolte fut écrasée. Theudas fut décapité, et ses disciples dispersés.
Même si plusieurs commentateurs bibliques sont partagés quant à la chronologie entre Judas et Theudas — certains suggérant l’existence d’un autre Theudas antérieur, d’autres parlant d’une inversion rédactionnelle — le témoignage de Gamaliel reste pertinent :
plusieurs prétendus messies se sont levés en Judée, poussés par l’attente intense du peuple sous la domination romaine. Chaque soulèvement exprimait l’espérance d’Israël… mais détournée de sa source véritable.
Judas le Galiléen
- Père du courant zélote, précurseur de la révolte de 66
- Révolte au temps du recensement (6 ap. J.-C.)
- Opposition à l’impôt romain
- Idéologie zélote : nationalisme religieux
- Fin tragique : écrasé par Rome
Judas le Galiléen fonda un courant radical : les Zélotes (ou «Quatrième philosophie »). Refusant de payer l’impôt à César, il prônait une théocratie directe, sans domination romaine. Sa cause résonnait profondément dans le cœur de nombreux Juifs opprimés, mais là encore, elle mena à l’échec.Le mouvement zélote, nourri par cette révolte initiale, s’intensifia au fil des décennies jusqu’à aboutir au conflit armé de la Grande Révolte juive (66–70 ap. J.-C.). Cette insurrection culmina tragiquement avec la destruction du Second Temple par les Romains en l’an 70, marquant à jamais la mémoire d’Israël.
Ce type de messianisme politique, souvent motivé par l’humiliation nationale, détourne le peuple du véritable Royaume céleste, conduisant inévitablement à une désillusion profonde.
🕊 Une leçon pour chaque génération
Gamaliel ne défendait pas forcément les apôtres, mais il appelait à la prudence : toute œuvre humaine finit par s’effondrer. Si l’œuvre des disciples venait d’Elohim, elle triompherait. Et elle triompha.
Le parallèle est frappant. Ni Theudas, ni Judas le Galiléen n’ont changé les cœurs. Mais Yéhoshoua, dans son abaissement, a transformé des vies, rassemblé des disciples dans toutes les nations, et changé l’histoire.
L’attitude de Judas illustre une tentation constante : résister à l’oppression par des armes charnelles, sans reconnaître le plan d’Elohîm derrière les autorités établies. Pourtant, les Écritures nous offrent un tout autre enseignement.
« Puis j’ai parlé à Tsidqiyah, roi de Yéhouda, selon toutes ces paroles, en disant : Faites venir vos cous sous le joug du roi de Babel et servez-le, lui et son peuple, et vous vivrez. Pourquoi mourriez-vous, toi et ton peuple, par l’épée, par la famine et par la peste, selon ce que YHWH a dit à la nation qui ne servira pas le roi de Babel ? N’écoutez pas les paroles des prophètes qui vous parlent en disant : Vous ne serez pas asservis au roi de Babel ! Car ils vous prophétisent le mensonge. »
— Yirmeyah 27:12-14 (Jérémie)
Face à la domination babylonienne, le prophète Yirmeyah2 ne prêche pas la révolte, mais la soumission à un joug voulu par YHWH. Une position difficile, mais fondée sur la foi dans le plan souverain d’Elohîm.
Les apôtres reprendront ce principe dans leur enseignement :
« Que toute âme se soumette aux autorités qui sont au-dessus d’elle, car il n’y a pas d’autorité qui ne provienne d’Elohîm et les autorités qui existent ont été instituées par Elohîm. »
— Romains 13:1« Rappelle-leur d’être soumis aux chefs et aux autorités, d’obéir, d’être prêts à faire toutes sortes de bonnes actions, »
— Titos 3:1 (Tite)
Ces appels ne sont pas une abdication, mais un témoignage de foi : reconnaître que le véritable combat ne se joue pas sur les plans politique ou militaire, mais dans les lieux célestes.
« Parce que notre lutte n’est pas contre le sang et la chair, mais contre les principautés, contre les autorités, contre les seigneurs du monde de la ténèbre de cet âge, contre les esprits de méchanceté qui sont dans les lieux célestes. »
— Éphésiens 6:12« Car les armes de notre combat ne sont pas charnelles, mais puissantes devant Elohîm, pour la destruction des forteresses, »
— 2 Corinthiens 10:4
Le message est clair : le Mashiah n’a pas été un chef de guerre, mais un serviteur souffrant. Ses disciples, à sa suite, sont appelés à combattre par la foi, la prière, la justice et la vérité — et non par la révolte ou la revendication politique.
🪙 Une parole décisive de Yéhoshoua : l’impôt à César
À son époque, Yéhoshoua fut lui-même confronté à la question de l’impôt à César — la même qui avait alimenté la révolte de Yehouda le Galiléen.
« Dis-nous donc ce que tu en penses : Est-il légal de payer le tribut à César, ou non ? Mais Yéhoshoua, connaissant leur malice, dit : Hypocrites ! Pourquoi me tentez-vous ? Montrez-moi la monnaie avec laquelle on paie le tribut. Et ils lui présentèrent un denier. Et il leur dit : De qui est cette image et cette inscription ? De César, lui disent-ils. Alors il leur dit : Rendez donc à César ce qui est à César, et à Elohîm, ce qui est à Elohîm. »
— Mattithyah 22:17-21 (Matthieu)
Face à l’hypocrisie religieuse et à la pression politique, Yéhoshoua déjoue le piège idéologique tendu. Le simple fait que les pharisiens lui posent cette question montre à quel point le mouvement zélote était influent. Ce courant, né sous l’impulsion de Yehouda le Galiléen, prônait la résistance armée contre Rome, refusant tout impôt au nom de la souveraineté d’Elohîm. Pourtant, il allait à l’encontre de la volonté d’Elohîm, qu’il ne fallait en aucun cas négliger. Yéhoshoua marchait à contre-courant, ramenant les juifs au bon sens : si la monnaie porte l’image de César, pourquoi ne pas la lui rendre ?
Il est troublant, de nos jours, de voir certains pseudo-chrétiens se targuer de vouloir dominer le monde par l’argent ou se lancer dans des carrières politiques. La doctrine du Kingdom Now3, répandue dans de nombreuses églises évangéliques, leur fait croire qu’ils doivent régner sur la terre avant la venue du Mashiah.
Conclusion
L’histoire de Theudas et de Judas le Galiléen rapelle une réalité constante : l’attente du Royaume pousse parfois à précipiter charnellement les promesses divines. Mais ni la ferveur populaire, ni la révolte, ni les signes spectaculaires ne peuvent établir le règne d’Elohîm.
Le vrai Mashiah est venu dans l’humilité. Il a refusé le piège du pouvoir terrestre, et a semé une espérance éternelle.
« Mon Royaume n’est pas issu de ce monde. » — Yohanan 18:36 (Jean)
Le temps viendra où il paraîtra dans la gloire, non pour prendre un trône humain, mais pour juger avec justice, selon la Parole.
« Et je vis le ciel ouvert, et voici parut un cheval blanc. Et celui qui est assis sur lui s’appelle Fidèle et Véritable, et il juge et combat avec justice. »
— Apokalupsis 19:11 (Apocalypse)
D’ici là, notre combat n’est ni politique ni charnel. Il est spirituel.
📖 Lecture biblique
- Actes 5:17–42
- Daniel 9:25–26
- Matthieu 24:4–5
📌 Références
- Flavius Josèphe, Antiquités Judaïques, XVIII.
- Bible annotée de Neuchâtel, commentaire sur Actes 5:36-37.
- Brill Academic, Messianic Movements in Late Second Temple Judaism.
- Cambridge, Roman Governance and Jewish Revolt.
- Étude : « Le discernement selon Gamaliel », Journal of Biblical Literature.
Notes
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